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BIMBY : Construire dans son jardin pour répondre à la crise du logement ?

  • Théo Finocchiaro
  • 22 nov.
  • 3 min de lecture

La France traverse une crise du logement sans précédent : selon l’INSEE, il manquerait plus d’un million de logements pour répondre à la demande actuelle. Dans le même temps, l’étalement urbain continue de grignoter les terres agricoles (près de 20 000 hectares disparaissent encore chaque année). C’est dans ce contexte que le BIMBY (Build In My BackYard) refait surface comme une piste sérieuse pour produire du logement autrement.


Mais de quoi s’agit-il réellement ? Pourquoi ce concept fait débat ? Et surtout : est-ce une solution adaptée à votre situation ?


1. Qu’est-ce que le BIMBY ?

BIMBY signifie Build In My BackYard, littéralement Construire dans mon jardin. Le concept apparaît en France au début des années 2010, notamment porté par des équipes de chercheurs (Berger, Bouchain, Prost, Chaslin).


Il se place en miroir du fameux NIMBY (Not In My BackYard), qui désigne le rejet de nouvelles constructions dans son voisinage. Le BIMBY fait le pari inverse : permettre aux propriétaires de contribuer volontairement à la production de logements, directement sur leur parcelle.


Le principe de base

Le mécanisme est simple :

  • diviser une parcelle ;

  • créer un ou plusieurs lots constructibles ;

  • construire un logement complémentaire dans un jardin existant.

On parle de densification douce, car elle évite les grands projets lourds : c’est du logement au fil de l’eau, inséré dans des tissus pavillonnaires déjà urbanisés.


Les objectifs

Le BIMBY vise à :

  • freiner l’artificialisation en mobilisant le foncier déjà urbanisé ;

  • répondre à la demande de logements, notamment dans les zones tendues ;

  • offrir aux ménages de nouvelles solutions (revenus, autonomie des proches, vieillissement).


2. Comment fonctionne concrètement le BIMBY ?

Pour être possible, un projet BIMBY doit répondre à trois conditions :

  1. Une parcelle dont la taille et la forme permettent une division (souvent une façade suffisante, un accès possible, une surface résiduelle conforme au PLU).

  2. Un règlement d’urbanisme compatible (PLU PLUi : retrait aux limites, stationnement, hauteur, emprise, réseaux…).

  3. Une possibilité de viabilisation (eau, électricité, assainissement).


Différentes configurations

Le BIMBY ne se limite pas à construire au fond du jardin. Il peut avoir plusieurs formes :

  • division parcellaire simple avec création d’un nouveau terrain à bâtir et sa vente ;

  • construction d’une maison secondaire sur le même terrain (sans division) ;

  • extension ou surélévation pour créer un logement indépendant ;

  • annexe transformée en habitation si le PLU l’autorise.


Le processus administratif

Selon les cas :

  • Déclaration préalable pour une division foncière simple ou petite extension ;

  • Permis de construire pour tout logement neuf de plus de 40m² ;

  • Avis éventuels : ABF, services techniques, gestionnaires de réseaux ;

  • Passage obligatoire chez le notaire en cas de vente du lot créé.


Un accompagnement par un architecte (obligatoire au delà de 150m² crées), un urbaniste facilite grandement la faisabilité.


3. Les avantages du BIMBY

  • Valoriser un foncier sous-utilisé : un jardin peut devenir source de plus-value.

  • Obtenir des revenus : vente du lot créé, location du nouveau logement.

  • Financer des travaux personnels : rénovation, isolation, agrandissement.

  • Solution familiale : hébergement d’un parent âgé, d’un étudiant, d’un enfant adulte.


Pour les collectivités

  • densifier sans investir massivement dans de nouvelles zones ;

  • utiliser les réseaux existants (eau, assainissement, voirie) ;

  • protéger les terres agricoles et naturelles ;

  • favoriser une ville plus compacte, donc plus durable.


Pour l’environnement

  • contribution directe à l’objectif Zéro Artificialisation Nette (ZAN) ;

  • réduction des trajets quotidiens lorsque la nouvelle maison reste proche des services ;

  • optimisation énergétique des infrastructures déjà en place.


4. BIMBY et objectif Zéro Artificialisation Nette (ZAN)

La loi Climat et Résilience 2021 impose de diviser par deux l’artificialisation d’ici 2031 et tendre vers le ZAN en 2050. Le BIMBY apparaît comme un outil quasi parfait pour :

  • maintenir l’activité de construction ;

  • éviter la consommation de nouvelles terres ;

  • produire du logement à moindre coût pour les collectivités.

Certaines communes ont déjà développé des stratégies pro-BIMBY : diagnostics sur les parcelles divisibles, modification du PLU, aides à l’accompagnement.

Les retours montrent une production régulière mais modeste : le BIMBY n’est pas une solution miracle, mais un levier efficace dans un mix d’outils.


Conclusion

Le BIMBY n’est ni un mythe ni une solution miracle. C’est un outil supplémentaire pour construire une ville plus compacte, produire du logement sans détruire de nouveaux sols, et répondre aux besoins de ménages toujours plus divers.

Il fonctionne bien lorsqu’il s’inscrit dans une stratégie globale : adaptation du PLU, accompagnement des particuliers, règles claires et dialogue local.

Dans un contexte de ZAN et de crise du logement, la question n’est plus de savoir si le BIMBY doit être encouragé, mais comment l’utiliser intelligemment.

 
 
 

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